Prescription de MOOC « Quidquam ? » en complément de cours

Le Mooc "Quidquam?", un moyen de vaincre les a priori sur les sciences, et pourquoi pas un complément de cours ?

Par Sophie Jequier, Maître de Conférences en Physique, Université Bordeaux, CELIA, 351 Cours de la Libération, F-33400 Talence

 

Enseignante de physique à l’Université de Bordeaux Sciences et Technologies, et correspondante Unisciel au sein de mon établissement, j’intègre à mes enseignements depuis plusieurs années, les ressources d’Unisciel soit dans des compléments en ligne (accompagnement du présentiel), soit directement en séance. Par exemple, pour des personnes en reprise d’études, les épisodes de la série Kezako constituent des supports pédagogiques adaptés avec un questionnement de départ ancré dans le quotidien et des explications accessibles. De plus la dose d’humour amené par les éléments graphiques permet une accroche supplémentaire.

Ayant participé à la réflexion pour la conception du “Mooc QuidQuam?”, j’étais convaincue de la pertinence de celui-ci en regard de certains de mes enseignements. Les deux formations concernées étaient le Diplôme d’Accès aux Etudes Universitaires (option sciences) dispensé par l’Université de Bordeaux et la Licence Culture Humaniste et Scientifique de l’Université Bordeaux Montaigne. Le premier a comme programme le contenu de la filière scientifique du baccalauréat et la seconde est une formation pluridisciplinaire accessible à tous les bacheliers des filières générales, dans laquelle les sciences sont un bloc disciplinaire à part entière. Parmi eux, se trouvent une majorité d’étudiants pour lesquels la physique est vécue comme une matière difficile parfois abstraite et pleine d’équations. Un enjeu important consiste donc à vaincre cet a priori et le Mooc « Quidquam »  m’a semblé être à même de le réaliser ou tout au moins devenir un levier potentiellement efficace.

Au mois de janvier, avec l’accord des responsables des formations, j’ai donc incité ces étudiants et stagiaires à s’inscrire au “Mooc QuidQuam?” pour qu’ils profitent de l’opportunité de travailler à leur rythme sur des sujets inhérents ou complémentaires de leur cour avec un scenario d’apprentissage différent. Les retours ont été positifs dès les premières semaines. Quelques tests en séances ont permis de vérifier l’acquisition des notions clés, notamment vis-à-vis de celles traitées dans leur programme d’enseignement, l’organisation des thèmes abordés étant différente de celui-ci. Les résultats présentés sur la figure ci-après, indiquent que la majorité des étudiants ont su répondre aux questions sans difficultés. 

Figure : Répartition des notes (sur 10) des tests
Figure : Répartition des notes (sur 10) des tests

De plus, les commentaires des étudiants ont porté sur les différents aspects du Mooc. Certains relatent l’intérêt de l’approche qui est trouvée « moins académique qu’à la fac ou au lycée et qui donnent envie de s’intéresser aux thèmes abordés ». Une majorité a été séduite par les vidéos jugées « simples, bien faites et faciles à comprendre (même pour des littéraires) bien qu’elles traitent de sujets parfois complexes » et dont la longueur évite le côté « monotone ou ennuyant ». La possibilité offerte par les liens vers d’autres sites proposant des compléments ou des approfondissements a aussi été signalée comme un avantage permettant de satisfaire la curiosité vis-à-vis de certains sujets, avec la liberté de le faire selon les envies, les capacités et le temps (libre). Les conférences live ont remporté un certain succès par le choix des sujets traités mais aussi car « le concept des conférences en direct donne de la dynamique au cours et permet aux internautes de poser des questions » et le différé permet d’y revenir ou de les voir en cas d’empêchement à l’heure du live. Ont été signalé à plusieurs reprises le côté « ludique » de l’approche ou « des questions simples comme celles posées par des enfants » et la possibilité de « comprendre des phénomènes du quotidien sur lesquels on ne s’interroge pas forcément ». Néanmoins quelques avis contraires ont aussi émergé quant à l’apprentissage par ce type support qui « n’aide pas à retenir des notions », ou parce que « le fait d’être seul face à un écran sans le cadre de la classe ne facilite pas l’apprentissage ». Ils estiment que ce type d’approche à réserver à des enseignements généralistes par opposition à spécialisés

Le bilan de fin de semestre pointe que les étudiants ont consacré du temps à suivre le Mooc en plus de leur enseignement y trouvant un complément mais reconnaissant qu’ils n’y avaient pas passé tout le temps nécessaire pour acquérir l’ensemble des notions abordées, en travaillant en priorité celles correspondant à leur cours, ce que je leur avais demandé de privilégier. Les étudiants interrogés se prononcent plutôt en faveur d’une poursuite de ce type d’approche dans leur cursus mais restent en retrait quant au temps nécessaire.

S’appuyant sur ces avis et les discussions avec les étudiants, mon retour en tant qu’enseignante est positif puisque l’inclusion du Mooc en tant que travail personnel, a permis de réconcilier certains étudiants avec les sciences, d’éveiller leur curiosité et d’élargir leurs connaissances. J’envisage d’ailleurs de renouveler l’expérience lors de la prochaine session de « Quidquam ? ».